«La mairie de Calais a bien fait d’annuler le festival Vegan», reconnaît Laurent Rigaud, président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord. «Nous avions prévenu que lorsque les vegan organiseraient des actions, nous irions au contact», ajoute le représentant des professionnels de l’alimentation, commerçants, agriculteurs, éleveurs et pêcheurs de la région. La mairie a en effet annoncé l’annulation du festival vegan qui devait se tenir le 8 septembre, en plein centre-ville «en raison de menaces proférées par certains groupes à l’égard de cette manifestation», explique-t-on dans l’entourage de la maire Natacha Bouchart.

La municipalité a pris cette décision «en responsabilité pour assurer la sécurité de ses habitants et ne pas exposer les visiteurs, partenaires et organisateurs du salon à un risque de débordement», détaille le communiqué de la mairire. Le choix d’annuler cet événement n’est pas lié à la nature ni au thème du festival, ajoute le texte publié vendredi.

Vegan et professions de bouches à couteaux tirés dans le Nord

Les représentants des commerçants de bouche et chasseurs assument. «Nous serions venus en nombre au festival à Calais et nous étions prêts à organiser un grand barbecue, aux côtés des chasseurs, des éleveurs, des restaurateurs», indique Laurent Rigaud, président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord. Le vice-président de la Chambre de métiers et d’artisanat (CMA) des Hauts-de-France reconnaît que les acteurs et professionnels de l’alimentation avaient prévenu les autorités de leurs intentions. Selon lui, près de 400 personnes étaient prêtes à se déplacer. «Nous voulions rester pacifiques, montrer que la violence n’est pas de notre côté mais qu’il y a des extrémistes chez les vegan», ajoute celui qui déplore les actes de vandalismes envers les commerces de bouches dans la région.

» LIRE AUSSI – À Lille, des commerçants alarmés par la violence des activistes vegan 

Depuis plusieurs mois, des militants antispécistes – qui refusent l’exploitation animale sous toutes ses formes – caillassent des vitrines de commerçants pour faire parler de leur cause. Ces actions n’ont pas été revendiquées mais elles laissent place à un climat de tension entre les deux camps dans la région. «Plusieurs vitrines de boucheries, restaurants et même une fromagerie ont été récemment fracassées par des vegan et nous ne digérons pas les propos de certains membres d’association qui qualifient ces actions ‘d’actes citoyens’», s’indigne Laurent Rigaud. «Nous avions prévenu que nous ne nous laisserions pas faire et que nous étions prêts à aller au contact, ce n’est pas nous qui allons courber l’échine», enchérit le boucher.

» LIRE AUSSI – «L’antispécisme veut abolir la discrimination envers les animaux» 

L’association recherche une salle pour maintenir le festival

De son côté, sur sa page Facebook, l’association Farplace, organisatrice de l’événement, qui devait rassembler des associations militantes comme L214, des stands de produits vegan et proposer des cours de cuisine ou des espaces pour enfants, regrette cette annulation. «C’est avec un énorme pincement au cœur que nous devons vous annoncer la nouvelle: la ville de Calais a annulé le Calais Vegan Festival. La maire a pris cette décision car des chasseurs et des éleveurs se seraient associés pour proférer des menaces très claires à propos de ce qu’il pouvait se passer si l’événement était maintenu» peut-on lire sur la page Facebook du festival. Sur le réseau social, les soutiens de l’association multiplient leurs commentaires. «Après les nombreux messages de soutien reçus, l’association recherche une autre salle, hors de Calais, pour pouvoir maintenir le festival. On est conscients que ce sera difficile à trouver avec des délais très courts mais on veut y croire», indique Arielle, co-organisatrice du festival. «Nous avons été très surpris par la tournure des événements, nous avions organisé notre premier festival en juin à Nanterre qui s’est déroulé sans problème», ajoute la responsable de l’association. Sur Facebook, à destination de ses soutiens, Farplace lance un appel au calme: «Amis, amies, n’insultez pas».