Dix jours après la mort de Romain, un jeune automobiliste tué à Paris par un policier à la mi-août lors d’une course-poursuite, une marche blanche a eu lieu ce samedi après-midi pour lui rendre hommage. Rendez-vous était donné à 14H00 par ses proches à Vigneux-sur-Seine dans l’Essonne. Sur Twitter, des photos montraient un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes, marchant derrière une grande banderole «à la mémoire de Romain». La marche s’est achevée dans le calme vers 16H00 à Draveil, d’où la victime était originaire, devant le cimetière communal, selon France Bleu Paris.
«La marche blanche marque la détermination pour la famille de connaître la vérité dans cette malheureuse et très triste affaire», a commenté Me Olivier Lambert, l’avocat des parents de la victime au micro d’Europe 1 samedi. «La famille ne lâchera rien et elle va se battre avec les armes légales, pour que l’on sache précisément ce qui est arrivé à Romain et si les actes du policier étaient légaux, proportionnés. La famille pense que ce n’est pas le cas mais c’est à la justice de trancher.»
«Légitime défense», argue l’avocat du policier
Selon les premiers éléments de l’enquête, Romain, déjà connu pour des délits routiers qui lui avaient valu une annulation de permis, conduisait une voiture avec un défaut d’éclairage et avait pris la fuite après avoir refusé de se soumettre à un contrôle de police dans le centre de la capitale. Le policier, âgé de 23 ans, était aussitôt monté à l’arrière du scooter d’un particulier passant par là et avait pris en chasse le conducteur de la voiture, qui s’était retrouvé bloqué près de deux kilomètres plus loin. Le policier l’aurait alors sommé de descendre mais le jeune homme aurait fait marche arrière et percuté le scooter. Le fonctionnaire aurait tiré un coup de feu, blessant mortellement l’automobiliste au thorax.
Une information judiciaire a été ouverte et le policier a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique». Le fonctionnaire a également été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer sa fonction et de détenir ou porter une arme. Dans la foulée, Me Laurent-Franck Lienard, habitué de ses dossiers, a défendu son client sur France Info en arguant que le tir avait eu lieu «dans le cadre de la légitime défense». «Il a appliqué un tir dans le bras du conducteur. Hélas, la balle a traversé le bras. Le jeune homme a été tué d’une balle dans le thorax», a déclaré l’avocat, assurant que le policier avait même «sauvé des vies».
Colère de la famille
Le conseil du policier a également expliqué que son client était monté sur un scooter «pour relever la plaque d’immatriculation de la voiture». «Son but, ce n’est pas d’arrêter tout seul la voiture. Une fois qu’il s’approche de la voiture, il s’aperçoit que le conducteur manque d’écraser des passants et décide de l’arrêter», ajoute Me Lienard. Très vite, les policiers du syndicat Alliance ont apporté leur soutien à leur collègue en lançant une cagnotte et en organisant un rassemblement lundi à Paris.
De son côté, la famille de Romain a déposé plainte auprès de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) pour homicide volontaire. Au lendemain du drame, elle avait confié sa détresse et sa colère auprès du Parisien . «Nous avons une haine sans nom», avait lâché le père de la victime, persuadé que les faits auraient pu se dérouler autrement. «À plusieurs reprises ce policier s’est retrouvé à hauteur de la voiture. Il aurait pu relever la plaque d’immatriculation et venir le chercher à la maison».