Donald Trump a mis sa menace à exécution: le président américain a décidé vendredi d’annuler les 200 millions de dollars d’aides qui étaient destinées aux Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. il avait déjà lancé un ultime avertissement au forum de Davos en début d’année, en reprochant aux Palestiniens de ne pas vouloir négocier avec Israël.
«Nous avons entrepris un examen de l’aide américaine versée à l’Autorité palestinienne ainsi qu’en Cisjordanie et à Gaza pour nous assurer que ces fonds sont dépensés conformément aux intérêts nationaux des Etats-Unis et des contribuables américains», a déclaré le responsable du département d’Etat sous le sceau de l’anonymat. «Suite à cet examen, et sur instruction du président (Trump), nous allons réorienter plus de 200 millions de dollars du Fonds de soutien économique pour l’année 2017 initialement affectés à des programmes en Cisjordanie et à Gaza.» Interrogé sur le devenir de ces sommes, un autre responsable du département d’Etat, qui a lui aussi requis l’anonymat, a répondu: «Nous allons travailler avec le Congrès pour réaffecter ces fonds à d’autres priorités politiques.»
Colère de la Maison blanche
Les dirigeants palestiniens ont suscité la colère de la Maison blanche parce qu’ils boycottent ses efforts de paix depuis que le président Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a déplacé l’ambassade des Etats-Unis. Le statut de Jérusalem, qui abrite les lieux saints des trois grandes religions monothéistes, est l’un des principaux obstacles à la conclusion d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. Ces derniers revendiquent Jérusalem-Est pour capitale de leur futur État. Israël estime que Jérusalem est sa capitale éternelle et indivisible. Pour justifier sa décision de supprimer les 200 millions d’aide, le département d’Etat a cité le fait que la bande de gaza soit contrôlée par les islamistes du Hamas. Les États-Unis et Israël considèrent le Hamas comme une organisation terroriste.
«Le peuple palestinien et ses dirigeants ne se laisseront pas intimider et ne succomberont pas à la contrainte.»
Hanan Achraoui, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a accusé l’administration Trump d’utiliser «le chantage bon marché comme outil politique». «Le peuple palestinien et ses dirigeants ne se laisseront pas intimider et ne succomberont pas à la contrainte», a-t-elle déclaré. Le chef de la délégation générale de l’OLP aux Etats-Unis, l’ambassadeur Hossam Zomlot, a déclaré dans un communiqué: «Faire du chantage politique avec l’assistance humanitaire et l’aide au développement ne fonctionne pas».
Les États-Unis avaient déjà annoncé en janvier qu’ils retiendraient 65 millions de dollars sur les 125 millions de dollars qu’ils prévoyaient d’envoyer à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui est financé presque entièrement par des contributions volontaires d’États. Le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton, a déclaré à Reuters cette semaine que l’UNRWA était «un mécanisme défaillant» qui violait le droit international sur le statut des réfugiés.
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L’UNRWA a été fondé en 1949 au lendemain de la première guerre arabo-israélienne, qui a contraint 700.000 Palestiniens à quitter leur foyer. Il aide environ cinq millions de réfugiés palestiniens, un chiffre qui inclut les descendants des personnes déplacées par les combats. La Jordanie, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés palestiniens au Proche-Orient en dehors des territoires palestiniens, a averti ce mois-ci qu’un grave manque à gagner pour l’UNRWA pourrait avoir un impact «catastrophique» sur la vie de millions de réfugiés dans la région.
Le sénateur démocrate américain Patrick Leahy a critiqué la décision de l’administration Trump. «Les habitants de Gaza souffrent déjà de graves difficultés sous la tyrannie du Hamas et des restrictions à la frontière imposées par Israël. Ce sont les Palestiniens, prisonniers virtuels d’un conflit de plus en plus instable, qui souffriront le plus directement des conséquences de cette tentative cruelle et peu judicieuse de répondre aux préoccupations de sécurité d’Israël.»